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Le collectif Zone Verte :
Depuis plusieurs mois dans le sud-ouest, quelques semaines dans le nord et maintenant sur une majeure partie de la France, la présence d'animaux malades de la FCO inquiète et questionne. Comme toujours, dans ces circonstances, l'ignorance et la peur aggravent la perception que nous avons de la situation. Nous allons essayer de clarifier un peu.
Qu'est-ce que la FCO ?
La FCO est l'acronyme désignant la maladie dite « fièvre catarrhale ovine » ou « blue tongue ». Cette maladie d'origine virale vectorielle et non contagieuse est transmise au bétail par les piqûres de certains moucherons appelés culicoïdes. Présente depuis toujours en Afrique, elle a fait son apparition en Europe de l'ouest en 2005.
Les ruminants domestiques sont sensibles à cette maladie. Elle touche beaucoup plus sévèrement les troupeaux ovins. Les bovins peuvent également être touchés, développant une forme grippale. Le virus de la FCO existe sous la forme de nombreux sérotypes (numérotés de 1 à 16) présents selon les régions et dont la pathogénicité est très variable.
Chez les ovins on observe des symptômes au niveau de la bouche et des muqueuses : gonflement, ulcérations, cyanose (coloration violette), salivation, jetage nasal et oculaire, boiteries, fièvre, avortements...
Chez les bovins les symptômes sont généralement plus frustres : fièvre, croûtes au niveau des muqueuses (bouche, naseaux, trayons...).
Les animaux les plus sensibles dans le troupeau sont les femelles gestantes ou les animaux en production (brebis ou vaches en lactation), pour lesquelles le métabolisme est déjà fortement sollicité : lactation, alimentation intensive à tendance acidogène... Les conditions climatiques constituent un important facteur aggravant (chaleur et pluies).
Les mâles sont particulièrement sensibles car piqués au niveau des bourses avec le risque de stérilité pendant plusieurs mois. Il est donc prudent de les tenir en bergerie pendant toute la période à risques.
Contexte 2024 de la FCO
Différents sérotypes ont circulé en France depuis 2007, avec des conséquences plus ou moins marquées selon les sérotypes, et selon les élevages.
Actuellement plusieurs sérotypes sont présents en France : le sérotype 8 s'est manifesté d'abord dans les Pyrénées Orientales (mi-juin), l'Ariège et l'Aude et a été détecté dans plus de la moitié des départements français.
Le sérotype 3 arrive par le nord de la France. Il s'était déjà exprimé aux Pays-Bas l'été dernier et cette année ainsi qu'en Belgique, Allemagne, ...
D'une façon générale les troupeaux ovins sont beaucoup plus sensibles et certains troupeaux ont été sévèrement touchés, avec de la pathologie et des mortalités parfois importantes.
La productivité des vaches laitières peut être affectée par un passage viral.
La virulence de l'infection dépend de facteurs environnementaux et climatiques dont notamment la quantité de piqûres et d'inoculations éventuelles par des culicoïdes. Les culicoïdes sont de petits moucherons crépusculaires, constituant des vols de milliards d'individus transportés par le vent. Ils sont donc plutôt actifs en début de soirée, la nuit et au lever du jour, favorisés par la chaleur et l'humidité. Ce sont les périodes les plus critiques pour les animaux.
Les culicoïdes sont actifs à des températures supérieures à 15°C. Les flambées d'épidémies suivent le cycle d'activité des culicoïdes, notamment en fin d'été, lorsque les conditions de chaleur et humidité sont réunies. Avec l'automne et le refroidissement des températures, selon les régions et les altitudes, l'activité des culicoïdes ralentit puis disparaît.
ATTENTION : les insecticides chimiques sont inefficaces pour éloigner les culicoïdes. Ils ne constituent ni un moyen préventif, ni un moyen curatif et sont absolument à proscrire. De plus, les effets néfastes sur la faune non cible (insectes auxiliaires, batraciens, reptiles, oiseaux et chauves-souris) sont extrêmement délétères.
Que faire en cas d'animaux malades ?
En cas de doute sur un animal malade, il convient de rentrer le ou les malades en bergerie fermée où ils sont moins susceptibles d'être face à un vol de culicoïdes.
Plus les animaux sont confrontés aux piqûres de culicoïdes, plus ils risquent de récupérer une charge virale importante et de développer des symptômes. Pour autant, la plupart des animaux infectés sont asymptomatiques et s'immunisent en silence. L'immunité naturelle est efficace à vie !
Si la maladie est confirmée dans les environs proches, il est recommandé de rentrer le troupeau d'ovins en bergerie pour les mêmes raisons et de le laisser au repos avec eau fraîche et foin. A minima, rentrer les animaux avant le soir, en particulier de 18 à 22h et si possible jusqu'au lendemain matin réduit les risques d'inoculation.
Nous conseillons de traiter le troupeau aussi vite que possible pour stimuler les réactions de défenses naturelles contre les piqures d'insectes hématophages avec LEDUM palustre en 200 K, une fois par jour, deux jours de suite ou en 15 CH une fois par semaine. Le remède dilué est pulvérisé sur les mufles des animaux.
Les médications allopathiques habituelles, antibiotiques et anti-inflammatoires ne sont guère utiles et plutôt contre productives sur une maladie virale.
Le mieux est de s'orienter vers un vétérinaire homéopathe pour le choix d'un remède homéopathique bien individualisé pour le troupeau ou l'animal en fonction des symptômes exprimés par le malade.
Des huiles essentielles peuvent également être utilisées pour soutenir et soulager les animaux. Du nursing, des tisanes de plantes stimulant l'immunité (thym, sauge, ortie, échinacée,...) aideront également.
Un ensemencement en bactéries lactiques directement aux animaux peut également être fait pour soutenir le microbiote et l'immunité.
Au bout de 3 semaines à partir des premiers symptômes observés dans le troupeau, le nombre de malades diminue et les guérisons deviennent majoritaires.
Quelles préventions peuvent-elles être mises en place ?
De façon préventive, surveiller l'état et la vitalité des animaux matin et soir. Rentrer les animaux le soir avant 17h en bergerie fermée permet de limiter les piqûres de culicoïdes, et l'impact et les conséquences d'un passage viral. En effet les moucherons sont surtout actifs en soirée.
Le traitement avec LEDUM palustre 200 K, une fois par jour, deux jours de suite est valable 3 à 4 mois ou 15 CH chaque semaine.
Les règles générales d'équilibre alimentaire et de complémentation minérale s'appliquent toujours pour améliorer l'immunité et les défenses naturelles des animaux.
Mettre à disposition des animaux des bassines à lécher enrichies en ail, appliquer avec un pinceau de l'huile de cade sur la tête des animaux permettent d'éloigner les culicoïdes des animaux. L'application d'huile de cade peut être répétée tous les 8 à 10 jours en période critique (T moyenne > 15°C).
iL est aussi possible de donner de l'echinaceae en TM pendant 3 semaines afin de booster les défenses immunitaires des animaux.
Les règles générales d'hygiène de la litière, de stockage des fumiers et des fourrages s'appliquent pour éviter la prolifération des culicoïdes qui aiment les milieux humides riches en matière organique. L'ensemencement des litières pour orienter les fermentations de type lactique permet de limiter les putréfactions et pontes d'insectes piqueurs.
Bien sûr toutes les mesures environnementales visant à favoriser la faune auxiliaire insectivore (oiseaux, hirondelles, chauves-souris, batraciens, reptiles insectes insectivores...) sont favorables à diminuer la ponte et le développement des larves et réduire les populations d'adultes. Ainsi, les réseaux de haies diversifiées et de mares sont autant d'atouts en faveur de l'équilibre de la ferme.
La vaccination
En général, la vaccination n'est envisageable qu'avant l'apparition de l'épidémie car, à ce moment-là, les animaux sont déjà soit atteints et en période d'incubation soit en cours d'immunisation naturelle et le vaccin ne peut alors qu'aggraver les choses.
Il est bon de rappeler que une vaccination réussie n'a qu'un effet individuel = éviter l'expression de la maladie, mais ne protège pas de la diffusion du virus.
La vaccination contre le sérotype 8 pour les troupeaux ovins, à condition qu'elle soit faite hors épidémie, hors période de gestation, hors période de reproduction et hors période d'infection semble protéger les troupeaux ovins.
La vaccination contre le sérotype 3 n'a pas montré d’efficacité remarquable. Son utilisation sur 95 % du cheptel en Hollande n'a pas empêché l'épidémie et son usage a provoqué de nombreuses aggravations.
De manière générale, les vaccinations ont une validité courte nécessitant un rappel annuel et sont moins efficaces que l'immunisation naturelle.
En cas de vaccination, il peut être opportun de soutenir les animaux avec un drainage de l'organisme (TM chardon-marie/artichaut/pissenlit, HE romarin à verbénone, HE thym à thujanol...).
Un ensemencement des animaux avec des bactéries lactiques 1 fois par semaine pendant 2 semaines suite à la vaccination pourrait également aider les animaux, pour l'équilibre du microbiote et l'immunité.
Les membres solidaires du GIE Zone Verte